J'ai tout pour être heureux(se) mais je ne le suis pas...

Voilà un motif de consultation fréquent. Les patients s’inquiètent, « pourquoi je ne vais pas bien alors que j’ai tout pour être heureux(se)… »

Forcément c’est culpabilisant et ça ne fait qu’accentuer le mal être. un petit cercle infernal s’installe, la culpabilité alimente cette sensation de ne pas se sentir bien.

Et puis l’inquiétude pointe le bout de son nez: « suis-je normal(e)? Encore une fois j’ai tout ce qu’il faut pour aller bien et ça n’est pas le cas. »

Ce processus qui paraît tellement illogique amène le doute en soi, entame la confiance que l’on a en soi.

En général, je commence par expliquer quelque chose d’assez simple mais qu’on n’imagine peu. Les périodes tumultueuses, on les affronte tel un(e) warrior, en mode automatique. On tient le coup, le cap jusqu’à ce qu’on soit en territoire plus apaisé voire libre et là on peut relâcher. (oui le vocabulaire est guerrier mais je trouve qu’il illustre bien le mouvement de nos émotions et les processus dans lesquels on se trouve dans ces moments précis)

il faut lutter pour tenir, avancer en réfléchissant le moins possible, pour se préserver et progresser. On est en mouvement et c’est déjà bien!

Enfin, la période de tempête se calme et on peut relâcher. ouf! Repos bien mérité seulement ça ne se finit pas toujours si simplement. Toute cette énergie dépensée pour tenir le cap a laissé des traces…Tous les questionnements mis de côté pour avancer refont surface. 

Et c’est là que l’esprit bouillonne et les émotions bien enfouies reviennent comme un boomerang. (boomerang parce que plus vous allez l’envoyer loin plus il reviendra avec l’élan que vous y avez mis)

C’est à ce moment qu’on se pose et qu’on commence à faire le point…

Et puis il faut bien se l’avouer, il y a une légère pression sociale dans la quête du bonheur. 

Quoi vous n’êtes pas heureux(se)!? Comme si c’était scandaleux! Et là aussi petite culpabilité insidieuse qu’il fait son nid. Nous sommes dans une ère de l’obligation au bonheur comme un critère de réussite sociale. 

      Le bonheur c’est éphémère, instable, subjectif et il ne devrait pas être une injonction. 

      Et puis avoir tout ce qu’il faut pour être heureux(se), ça veut dire quoi? selon qui?

Et voilà le cheminement, au moment où tout devrait rentrer dans l’ordre, on vise le répit, les défenses se relâchent et laissent paraître tout ce qui nous a rongé en périodes tumultueuses.

Alors non ne pas se sentir bien quand « tout va bien » ce n’est pas grave, c’est même naturel. Par contre laisser s’installer ce processus c’est perdre en qualité de vie, en confiance en soi, en sommeil…